Posted by Rachel Dolhun, MD, October 14, 2016 on Foxfeed Blog.
Traduit en Français par Agnes Moreau.
La déficience cognitive, les troubles de la mémoire, la difficulté à réfléchir ou encore les problèmes de langage sont des symptômes non moteurs pouvant être associés à la maladie de Parkinson. Les troubles cognitifs peuvent survenir à tout moment au cours de la maladie de Parkinson et peuvent être plus ou moins sévères. Certaines personnes ne rencontrent aucun problème; chez d’autres ces changements ne sont détectables que lors de tests formels ; d’autres encore ont des problèmes qu’ils décrivent comme légers ou un peu ennuyeux, et enfin, certains subissent des changements plus importants qui interfèrent avec leur capacité à effectuer des activités quotidiennes.
La déficience cognitive dans la maladie de Parkinson affecte principalement la «fonction exécutive», ce qui peut entraîner des difficultés avec:
- Le ‘multitasking’
- La planification et l’organisation
- La résolution de problèmes
L’attention, le traitement de la pensée et la recherche de mots sont également souvent affectés.
Gérer la déficience cognitive légère
Lorsque les problèmes cognitifs sont plus importants que ce qui est prévu avec un vieillissement ‘normal’, mais pas assez importants pour poser de gros problèmes lors des activités quotidiennes, ils peuvent être dus à une déficience cognitive légère (DCL). Ce symptôme non-moteur se produit chez environ 30% des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Ceux avec une DCL peuvent se plaindre de se sentir distraits ou oublieux, ou perdre le fil de leur pensée lors d’une conversation. Les personnes occupant des fonctions très ‘chargées’ pourraient trouver plus difficile de se concentrer ou de gérer plusieurs projets.
Aucun médicament n’est actuellement disponible pour traiter la DCL. Des stratégies adaptées comme prendre des notes, utiliser un calendrier, garder des objets (comme des clés) toujours au même endroit pour éviter de les égarer, peuvent aider. Votre médecin peut vous orienter vers la réadaptation cognitive, lors de laquelle un thérapeute vous donne des exercices de mémoire à travers un programme structuré.
Une déficience cognitive légère peut, mais pas toujours, évoluer vers la démence.
Diagnostiquer et traiter la démence
La démence est un déclin de la mémoire, de la capacité à penser et / ou à parler suffisamment grave pour interférer avec les routines quotidiennes, le rendement au travail ou les fonctions sociales. La démence associée à la maladie de Parkinson (PDD) a tendance à affecter les compétences d’exécution de tâches, la fonction visuospatiale (savoir où les objets sont dans l’espace), et, dans une moindre mesure, la mémoire à court terme. Elle peut également affecter la motivation, l’humeur et le comportement, et peut être associée à des hallucinations visuelles (voir des choses qui ne sont pas là) ou à des délires (fausses croyances souvent paranoïaques). Si la démence se développe, c’est souvent dans les derniers stades de la maladie de Parkinson.
Il peut être difficile de différencier la PDD de la démence d’Alzheimer (puisqu’il n’y a pas non plus de test précis pour la diagnostiquer), bien que la maladie d’Alzheimer entraîne généralement une perte de mémoire et une confusion plus prononcées, mais aussi des symptômes moteurs de Parkinson (bien que la rigidité et la lenteur puissent se développer dans les stades très avancés). Lorsque la démence commence en même temps ou dans l’année suivant l’apparition des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson, la démence à corps de Lewy (DCL), une forme de parkinsonisme atypique, peut en être la cause. DCL est caractérisée par la démence et les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson ainsi que des niveaux fluctuants de vigilance et des hallucinations visuelles. (En savoir plus sur DCL ici.)
Certains médicaments peuvent atténuer les symptômes de la démence. Exelon (rivastigmine) est approuvé par la FDA (USA Food & Drug Administration) pour le traitement des niveaux légers à modérés de PDD. Il agit en bloquant une enzyme qui décompose l’acétylcholine, un produit chimique du cerveau qui agit au niveau cognitif. Le médicament peut donc améliorer la cognition, réduire les changements de comportement associés (tels que l’agitation ou l’agressivité) et retarder le besoin de situations de vie alternatives, telles que les maisons de soins. (En savoir plus sur ce médicament) Dans certaines situations, votre médecin peut prescrire d’autres médicaments qui fonctionnent de la même manière, comme Aricept (donépézil), qui est utilisé pour la démence d’Alzheimer.
Pourquoi les changements cognitifs se produisent-ils?
Les causes exactes de la déficience cognitive et de la démence dans la maladie de Parkinson ne sont pas entièrement connues, mais sont probablement dues à une combinaison de changements chimiques et structurels. En plus de la dopamine, la maladie de Parkinson affecte un certain nombre de substances chimiques du cerveau – l’acétylcholine, la norépinéphrine et la sérotonine – qui favorisent la cognition, l’attention et l’humeur. La maladie de Parkinson provoque également la perte et / ou la modification de cellules dans les zones du cerveau qui sont responsables de ces fonctions.
Évaluer les problèmes cognitifs
La première étape de l’évaluation des troubles cognitifs consiste à informer votre médecin que vous êtes concerné. Il peut s’agir du vieillissement normal, de la maladie de Parkinson ou d’un trouble médical distinct, mais vous ne pouvez pas en être sûr sans le signaler à un spécialiste. Les médecins poseront des questions sur les troubles de l’humeur (dépression ou anxiété), et sur les troubles du sommeil. Ces derniers peuvent avoir un impact sur la mémoire et nécessiter des stratégies d’évaluation et de prise en charge différentes. Ils examineront vos prescriptions et les médicaments que vous prenez en vente libre afin de s’assurer que ceux-ci ne contribuent pas aux problèmes cognitifs. (Les anticholinergiques et les analgésiques contribuent généralement à la mémoire et à la réflexion.)
Aucune imagerie cérébrale ou tests sanguins ne peuvent diagnostiquer spécifiquement la déficience cognitive légère ou la démence associée à la maladie de Parkinson, mais les tests peuvent exclure d’autres sources, comme un problème de thyroïde ou une carence en vitamine B12, qui peuvent également affecter la cognition. Votre médecin peut recommander des tests de mémoire détaillés formels – des tests neuropsychologiques – afin de déterminer exactement quels problèmes pourraient être présents et établir une base de comparaison pour le futur.
Maintenir la santé du cerveau
Bien qu’il n’y ait pas de pratique ou de thérapie définitive pour prévenir les troubles cognitifs, il existe des mesures que vous pouvez prendre pour garder votre cerveau en pleine santé, comme des exercices physiques réguliers et une alimentation saine. Certaines études suggèrent qu’en adoptant un «mode de vie cognitif actif», les individus peuvent être en mesure de ralentir le déclin cognitif. Pratiquez des tâches mentalement compliquées comme des mots croisés ou des énigmes, apprenez à parler une langue étrangère ou à jouer d’un nouvel instrument afin de faire travailler votre cerveau, assistez à une réunion où vous devrez vous souvenir des noms des nouvelles connaissances ou encore, discutez de l’actualité. Cela a l’avantage supplémentaire de garder un lien social.
Recherche actuelle sur la cognition et la maladie de Parkinson
Les chercheurs essaient d’en savoir plus sur les causes de la dysfonction cognitive dans la maladie de Parkinson. Ils cherchent également de meilleurs moyens de diagnostiquer, de surveiller et de traiter ces problèmes. Plusieurs thérapies, y compris des exercices d’aérobic, de la physiothérapie, des médicaments et des programmes de réadaptation cognitive, sont actuellement à l’étude pour déterminer si ils peuvent traiter les problèmes cognitifs dans la maladie de Parkinson. Un médicament, qui agit sur le plan chimique de la sérotonine, a réalisé un essai de phase II sur la démence associée à la maladie de Parkinson, ce qui nous rapproche un peu plus d’un éventuel besoin non satisfait dans la maladie de Parkinson.